Les jardins japonais : voyage culturel au cœur d’une tradition millénaire

Etape incontournable de tout voyage culturel au Japon, les jardins japonais nourrissent notre imaginaire de l’Extrême-Orient. Tantôt zen, tantôt foisonnants, ils forment un écrin qui accueille aussi bien des palais que des temples ou demeures plus modestes. Puisant leur inspiration dans la tradition ancestrale des jardins chinois, ils revêtent une dimension symbolique essentielle.

 

Les grands principes esthétiques des jardins japonais

A peine entré dans un jardin japonais, on est généralement saisi par sa sobriété, son absence d’artifice et l’impression de calme qui s’en dégage. De fait, le jardin japonais a d’abord vocation à célébrer la nature et à imiter son harmonie, dans une recherche d’équilibre et de souplesse. Ses codes esthétiques ne sont d’ailleurs pas sans rappeler ceux d’autres arts japonais, comme la calligraphie.

Savamment – quoique discrètement – mis en scène, les jardins japonais mobilisent généralement trois grands principes.

  • Le premier consiste à reproduire en miniature des éléments de la nature, comme les collines et rivières.
  • Le deuxième relève de la capture de paysages : le jardin japonais s’intègre dans un décor plus large et lui “emprunte” certains éléments. En effet, la composition scénique est pensée de manière à inclure des figures lointaines, comme les montagnes ou la mer. La mise en œuvre de ce principe passe par d’ingénieux systèmes de perspectives en trois plans et jeux sur la dissimulation et le dévoilement, visant à donner une impression d’infini. Alliés à une omniprésence de l’asymétrie, ils contribuent au dynamisme du décor. Ainsi, à contre-courant des jardins à la française, le jardin japonais suscite une déambulation active du regard de l’observateur.
  • Le troisième principe, enfin, est celui du symbolisme et de la représentation abstraite, qui renvoie aux sources religieuses du jardin japonais.

L’origine et la symbolique des jardins japonais

A l’instar de son ancêtre chinois, le jardin japonais prend racine dans la spiritualité. C’est d’ailleurs sous l’influence du bouddhisme qu’il connaît un véritable essor à partir du VIe siècle de notre ère. Les jardins viennent habiller les abords des temples et offrir une déambulation propice à l’évasion spirituelle à leurs visiteurs. Mais l’art du jardinage lui-même revêt originellement une dimension religieuse et ésotérique. Son enseignement, d’ailleurs, relève du secret bien gardé, transmis oralement par le maître à l’élève.

Le jardin lui-même, par un jeu de correspondances, renvoie à différents symboles religieux. Ceux-ci persistent à travers l’histoire, y compris lorsqu’il devient un lieu de promenade, et plus uniquement un sanctuaire. Ainsi, un rocher isolé pourra représenter le mont Shumisen, considéré par les bouddhistes comme l’axe du monde, tandis qu’un trio de rochers figurera Bouddha et ses disciples. Les influences religieuses du jardin japonais ne se limitent toutefois pas au bouddhisme ; il peut aussi emprunter au taoïsme ou au shintoïsme, par exemple.

Les différents styles de jardins japonais

Bien que guidés par des principes communs, les jardins japonais se déclinent en une multitude de styles. Le plus incontournable est le jardin paysager, ou shizen fūkeishikil, où la miniaturisation de paysages naturels est le principe central. Le monde occidental est également familier des jardins secs, ou karesansui, destinés à la méditation et inspirés par le courant zen du bouddhisme. L’abstraction y est particulièrement marquée et le symbolisme guide leur conception. Plus étonnamment, les jardins de thé ou chaniwal constituent un style à part, mettant en scène la cérémonie du thé à travers un parcours dédié.

On retrouve des dénominateurs communs dans les éléments qui composent les différents jardins japonais. Centrés sur un bâtiment, ils égrènent souvent des rochers revêtant un rôle symbolique, et jouent avec l’eau déclinée en bassins, étangs ou rivières. Le sable ou le gravier, mis en mouvement par des dessins et tracés, ainsi que les mousses, sont également des invités réguliers. Les animaux (carpes, tortues, grenouilles, canards…) donnent vie au lieu tandis que les arbres (chênes, cerisiers, érables…) en dessinent les perspectives. Différents éléments décoratifs – lanternes, ponts, statues et pavillons – se fondent harmonieusement dans le décor. Enfin, le jardin japonais est généralement parcouru par des chemins, et systématiquement clos.

Au-delà du Japon : où voir des jardins japonais en Europe ?

Sous l’ère Meiji (1868-1912), l’art du jardin au Japon se métisse d’influences occidentales et nombre de jardins historiques sont délaissés. Ceux-ci connaissent cependant un fort regain d’intérêt après la Seconde Guerre mondiale. Au Japon, l’art traditionnel est dès lors réinventé par les créateurs contemporains. L’une des illustrations les plus éloquentes est le jardin du musée d’art Adachi, considéré comme l’un des plus beaux du pays.

Mais le jardin japonais a aussi largement dépassé les frontières de son pays d’origine. Ainsi, il est aujourd’hui possible d’en voir de superbes déclinaisons en Europe. Le plus grand d’entre eux est situé à Hesselt, en Belgique. Un autre exemple fameux est le jardin japonais du parc Clingendael de La Haye, aux Pays-Bas. La France n’est pas en reste, avec le jardin japonais de Toulouse, le grand parc oriental de Maulévrier, ou encore le jardin zen d’Erik Borja, dans la Drôme. Sans oublier le splendide jardin du musée Albert Kahn, à Boulogne-Billancourt, qui vient de rouvrir ses portes au public.

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© Mathieu Rivière