La villa de Noheda et la Castille-La Manche

Au cœur de l’Espagne, à moins de 200 km de Madrid, la plus vaste mosaïque au monde de l’époque romaine se dévoile tout juste aux visiteurs. Datant du IVe siècle, ce trésor archéologique de près de 300 m2 ornait fastueusement le salon d’un riche négociant de vin dont la villa s’étendait sur 10 hectares.

Exceptionnellement bien conservée, cette œuvre gigantesque présente des décors historiés d’une grande vitalité au centre desquels s’érigeait une fontaine. Non loin d’une représentation d’Athéna de plus de deux mètres et d’une danseuse de pantomime s’agite joyeusement un cortège dionysiaque mêlant Silène, les centaures, les musiciens et les satyres. Juste en dessous, Pâris écoute le verdict de son jugement avant d’enlever Hélène de Troie. A proximité, une course de chars oppose Pelops au roi Oenomaos, le père de la princesse Hippodamia dont il convoite la main. Les têtes coupées des précédents prétendants, vaincus, pendent tristement à des crochets alors que Pelops rejoint triomphalement sa dulcinée.

A cette profusion de décors qui ont nécessité des centaines de milliers de tesselles s’ajoutent des centaines de sculptures de 30 sortes de marbres différents. Seuls 5 % du site ayant été fouillés sur plus de 10 hectares, ce site archéologique qui permet d’ailleurs de voir les spécialistes à l’œuvre, réserve encore de belles surprises.

La campagne castillane renferme d’autres trésors : à quelques kilomètres de la villa de Noheda, la ville fortifiée de Cuenca, perchée sur les rochers, est une des plus belles d’Espagne. Son centre historique culminant à 1 000 mètres est inscrit au patrimonial par l’Unesco et bordé de maisons suspendues aux balcons de bois. Une partie de ces maisons est occupée par le riche musée d’art abstrait espagnol où les œuvres de Fernando Zóbel, Antoni Tápies, Antonio Saura, Luis feito Torner et bien d’autres sont exposées.

La zone territoriale de la province de Cuenca comprenait plusieurs villes romaines, dont certaines sont mentionnées dans les textes classiques. Parmi celles-ci figure Segobriga, ancien centre économique au carrefour de voies commerçantes. Son vaste complexe archéologique comprend un théâtre, un amphithéâtre, une basilique, plusieurs temples et thermes, une ancienne muraille, un forum, des canalisations, une nécropole ainsi que les ruines de plusieurs maisons.

Dans cette région de montagnes et de hautes plaines immortalisées par Don Quichotte, Tolède, la capitale, n’est pas en reste d’édifices patrimoniaux. Fondée par les Romains, elle connut une ascension fulgurante dès le XIIe siècle en devenant une des plus puissantes villes d’Espagne et la capitale de l’Empire de Charles Quint. Son centre historique, classé par l’Unesco au patrimoine mondial, est parcouru de ruelles pittoresques, d’églises, de synagogues et de mosquées au centre desquels s’inscrit la cathédrale gothique abritant un exceptionnel retable en bois doré. El Greco, qui vécut dans cette « ville aux trois cultures », y réalisa notamment une vue de celle-ci exposée dans le musée qui lui est consacré ainsi que L’Enterrement du Comte d’Orgaz, chef-d’œuvre maniériste qui suscite l’admiration depuis plus de 400 ans à l’église Santo Tomé.

Autant de lieux qui invitent à un voyage culturel en Espagne