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5 tableaux énigmatiques à admirer dans les musées européens

Johannes Vermeer, Vue de Delft, 1661, Pays-Bas (Mauritshuis)
Johannes Vermeer, Vue de Delft, 1661, Pays-Bas (Mauritshuis)

Composition dissonante, messages codés ou détails occultés : certaines œuvres traversent les siècles sans révéler leurs secrets. Elles semblent conçues pour résister à toute interprétation – à moins que ce ne soit, au contraire, pour laisser le champ libre à celui qui les observe. Au détour des galeries des musées, elles invitent le regard et l’esprit à vagabonder. Découvrons 5 tableaux foisonnants à contempler lors d’une escapade culturelle en Europe.

Les Époux Arnolfini (1434) – Jan van Eyck

📍 National Gallery, Londres (Royaume-Uni)

Icône du genre, ce chef-d’œuvre se déchiffre à la manière d’un rébus. Chaque objet y est un symbole, depuis l’unique chandelle du lustre, qui évoque la flamme nuptiale, jusqu’au petit chien, allégorie de la fidélité. Disséminés dans un intérieur bourgeois aux côtés de détails triviaux, ces indices enchevêtrent un discours religieux au quotidien profane.

Derrière le couple uni, une étrange scène se joue dans le miroir de sorcière : les époux se sont lâché la main et le chien a disparu. Le reflet révèle aussi deux silhouettes, dont l’une pourrait être celle du peintre. Celui-ci a d’ailleurs apposé au mur une signature aussi éloquente qu’étonnante : “Johannes de Eyck fuit hic” (« était ici »). Se place-t-il en témoin d’une union respectable, ou en observateur caustique d’une réalité plus ambiguë ?

La Liseuse à la fenêtre (ca. 1657) – Johannes Vermeer

📍 Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde (Allemagne)

La Liseuse à la fenêtre, 1657, Johannes Vermeer, Dresde, Allemagne (Wikicommons)
La Liseuse à la fenêtre, 1657, Johannes Vermeer, Dresde, Allemagne (Wikicommons)

Certaines œuvres mettent plusieurs siècles à livrer leurs secrets. C’est le cas de cette Liseuse au visage discrètement ému. Une ambitieuse campagne de restauration a permis en 2017 de dévoiler, à l’arrière-plan, un grand portrait de Cupidon, masqué par une couche de peinture après la mort de Vermeer.

Cette révélation chamboule le tableau à plusieurs égards. Soudain, l’intérieur épuré, presque austère, gagne en opulence. L’impression de solitude s’estompe, et le patronage du dieu de l’amour éclaire le contenu de la lettre sous un jour nouveau. Aurait-on désormais la clé pour accéder aux pensées de la jeune femme ? Pour en juger, rien de tel que de lui rendre visite à Dresde.

La Tempête (ca. 1506-1508) – Giorgione

📍 Gallerie dell’Accademia, Venise (Italie)

La Tempête, 1506-1508, Giorgione, Venise, Italie (Wikicommons)
La Tempête, 1506-1508, Giorgione, Venise, Italie (Wikicommons)

Un soldat se tient debout, une femme allaite un enfant, un éclair zèbre le ciel ; la scène semble figée dans une tension silencieuse. Depuis plus de cinq siècles, La Tempête défie les interprétations. Est-ce une allégorie ? Une évocation biblique ? Un mythe oublié ? Rien, dans les archives, ne permet d’en savoir plus : ni commanditaire identifié, ni texte contemporain pour guider le regard.

Ce flou a nourri une surabondance d’hypothèses, parfois savantes, parfois délirantes. Certains y voient une vision du paradis perdu, d’autres une réflexion sur l’instabilité du monde. À votre tour de mener l’enquête, ou d’accepter que son sens se dérobe…

La Ronde de nuit (1642) – Rembrandt

📍 Rijksmuseum, Amsterdam (Pays-Bas)

La Ronde de nuit, 1642, Rembrandt, Amsterdam, Pays-Bas (Wikicommons)
La Ronde de nuit, 1642, Rembrandt, Amsterdam, Pays-Bas (Wikicommons)

Il était une fois un tableau aussi célèbre que méconnu. Cette Ronde de nuit n’a rien de nocturne : il s’agissait à l’origine d’une scène diurne, assombrie par le vieillissement des vernis. De plus, elle n’est qu’un fragment d’une toile bien plus grande, rognée pour raisons pratiques.

Cette œuvre de commande, portrait d’une compagnie menée par de vénérables juristes et marchands, déjoue toutes les attentes. Un savant désordre chahute la rigueur martiale, évoquant davantage une pièce dramatique qu’un tableau d’apparat. Plus étonamment encore, d’étranges personnages viennent troubler la scène, à commencer par une fillette portant à sa taille un oiseau blanc mort. Allégorie de la société ou simple fantaisie d’artiste : le mystère reste entier.

Le Chariot de foin (ca. 1515-1520) – Jérôme Bosch

📍 Musée du Prado, Madrid (Espagne)

Le Chariot de foin, 1515-1520, Jérôme Bosch, Madrid, Espagne (Wikicommons)
Le Chariot de foin, 1515-1520, Jérôme Bosch, Madrid, Espagne (Wikicommons)

Un gigantesque chariot de foin avance lentement, escorté par une foule disparate de nobles, paysans et voleurs. À son sommet pousse un buisson, devant lequel des amoureux sont épiés par un ange, un démon, et un mystérieux observateur. Tirée par un cortège de monstres, la charrette se dirige inéluctablement vers les enfers.

Si le sens global de la scène peut être déchiffré à la lumière des obsessions de l’artiste et de son époque – péché et décadence, peur de la damnation, critique précoce du capitalisme –, la profusion de détails rend toute lecture définitive incertaine. Comme souvent chez Bosch, la morale religieuse le dispute à la caricature grotesque. Dans un ensemble vertigineux, certains symboles nous échappent, ouvrant la voie à de multiples conjectures. La biographie énigmatique de l’artiste, et l’existence d’une deuxième version de ce tableau conservée à l’Escurial, ne font qu’épaissir le mystère…

Que l’on s’y penche en amateur curieux ou en érudit passionné, ces tableaux continuent d’interroger. Disséminés dans les grands musées d’Europe, ils nous invitent à regarder autrement, à s’attarder sur les détails et à écouter nos intuitions. Et si vous partiez à leur rencontre avec Hasamélis, au cours d’un voyage culturel placé sous le signe de l’art ou d’une grande exposition ?

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