Barcelone : voyage culturel dans les pas de Gaudí

Le 12 avril, le musée d’Orsay a ouvert au public les portes de sa grande exposition consacrée à l’œuvre d’Antoni Gaudí. Architecte et artiste total, aussi extravagant qu’en phase avec les bouleversements de son époque, Gaudí a été l’un des principaux ambassadeurs du Modernisme espagnol. A travers ses créations foisonnantes, à la silhouette organique, il a grandement contribué à façonner le paysage barcelonais. Partons en balade dans la capitale catalane dans les pas du génial architecte.

Barcelone sous l’œil de Gaudí

Né en 1852, Gaudí s’installe à Barcelone en 1870, faisant dès lors de la ville son terrain de jeu privilégié. Sa rencontre décisive avec l’industriel Eusebi Güell, devenu son fidèle ami et mécène, lui permet de concrétiser ses idées les plus audacieuses à partir des années 1880, et jusqu’à sa mort en 1926. Peu à peu, il dessine à travers Barcelone une constellation d’œuvres singulières et remarquables, qui rejoindra en partie le patrimoine mondial de l’UNESCO.

Visiter Barcelone sur la piste de l’œuvre de Gaudí

Casa Batló – © José Luiz Bernardes Ribeiro

Tout voyage à Barcelone est une rencontre avec l’esprit libre de Gaudí. Reconnaissables entre mille, ses créations s’égrènent à travers la ville. La cathédrale de la Sagrada Familia ou le Parque Güell sont devenus le plus fameux visage de la capitale catalane. Différentes œuvres de l’architecte, comme la Casa Milà (La Pedrera), la Casa Batlló ou la Casa Vicens, se dévoilent au hasard des déambulations dans son centre animé. D’autres, enfin, se réservent pour les plus curieux voyageurs qui s’aventurent à la lisière de la ville.

Ainsi en est-il de la Colònia Güell, un village-usine symbolisant le paternalisme industriel à l’espagnole. Gaudí y a conçu une église restée inachevée, où il a mis à l’essai nombre d’innovations stylistiques que l’on retrouva dans ses œuvres phares ultérieures. Un autre lieu, bien plus secret, semble avoir été un terrain d’expérimentation confidentiel pour l’architecte : le mystérieux jardin de l’hôpital de Sant Boi de Llobregat.

“L’architecture est l’arrangement de la lumière”

La Sagrada Familia –   © Hasamélis

Les créations architecturales et paysagères de Gaudí ont pour dénominateur commun leur caractère organique. Mais si l’architecte s’inspire de la nature, c’est tant pour la beauté de ses courbes que pour la simplicité avec laquelle elles remplissent leur fonction. Sous ses airs fantasques, Gaudí est un artiste rationaliste, qui voit en l’architecture un art total et premier.

Fils d’artisan, il ne laisse rien au hasard dans ses œuvres, dessinant aussi bien la structure des bâtiments que leur décor et leur mobilier. Avec la même aisance, il s’empare des innovations scientifiques et techniques de son temps et de l’héritage culturel byzantin et catalan. Célébration de la lumière, son œuvre porte aussi l’empreinte de la spiritualité religieuse teintée de mysticisme qu’il cultiva au cours de sa vie.

 

Gaudí, architecte de son temps

Bien qu’éminemment singulier, Gaudí fut un artiste de son temps. Il joua avec les codes et modes pour créer une œuvre novatrice, qui contribua à poser les jalons de l’Art nouveau puis du modernisme architectural et enfin de l’architecture organique en Espagne.

Hybridant parfois son travail avec celui de ses contemporains, comme pour le Col·legi de les Teresianes, il confronta aussi ses ouvrages aux leurs. La plus célèbre illustration en est la Manzana de la Discordia (“pomme de la discorde”), pâté de maison réunissant trois demeures bâties par trois architectes concurrents : Antoni Gaudí, Puig I cadafalch et Domènech I Montaner.

L’héritage de Gaudí, à Barcelone et ailleurs

Au fil de sa carrière, et malgré des controverses récurrentes, il forma et inspira une foule d’architectes, artisans et artistes qui continuent de façonner le paysage catalan. Si sa disparition, en 1926, fut suivie d’une période de relatif désintérêt, son œuvre connut une réhabilitation flamboyante dans les années 1950, sous l’impulsion d’artistes catalans comme Salvador Dalí ou l’architecte Josep Lluís Sert.

Aujourd’hui, tandis que des expositions célèbrent son travail à travers le monde et que sa béatification par l’Eglise catholique est en cours, la Journée Mondiale de l’Art nouveau est célébrée chaque année le jour de sa mort, le 10 juin. Une belle occasion de faire une escapade culturelle à Barcelone – ou ailleurs !