Œnotourisme : voyage culturel et gustatif

La Mésopotamie, la Géorgie, l’Arménie ou encore la Chine ont-elles été le berceau du vin ? Si ses origines restent encore floues, il est certain que l’histoire du breuvage remonte à 8 ou 9000 ans, voire plus, et qu’il fait l’objet d’un négoce mondialisé depuis plusieurs millénaires. En parallèle des ancestrales routes commerciales, ce sont aujourd’hui de véritables routes touristiques du vin qui sillonnent la planète. Partons à la découverte des grandes destinations de l’œnotourisme à travers le monde. 

L’Italie, pionnière aux 600 cépages 

Vignobles autour de San Gimignano, Toscane

Vignobles autour de San Gimignano, Toscane © Stefan Schweihofer (Pixabay)

Précurseure, l’Italie s’est engagée dès le milieu des années 1960 en faveur de l’agrotourisme. Avec un vignoble de 850 000 hectares s’étendant jusqu’à la Sicile, c’est naturellement qu’elle est devenue une grande terre d’œnotourisme. Ses vingt régions viticoles, où l’on cultive plusieurs centaines de cépages dont 15 nettement majoritaires, donnent l’embarras du choix aux œnophiles.  

Nombreux sont ceux qui font le choix de régaler tous leurs sens en visitant les vignobles proches des plus grandes villes de culture. La Toscane est alors la destination reine. Au départ de Florence, on emprunte une route des vins serpentant entre les collines couvertes de vignes de la vallée du Chianti. On se délecte au passage de vins frais, secs et doux à l’ombre des cyprès, avant de rejoindre Sienne ou Pise pour un nouveau bain de culture…  

Autres options, un peu plus confidentielles : partir à la découverte du vignoble sicilien ou de celui des Pouilles. Au pied de l’Etna, le cépage du nerello mascalese produit des vins à la saveur aussi fine que typée. En Puglia, le vin rouge se marie à merveille avec les nombreux et sapides produits du terroir local. 

À la découverte des vins ibériques 

Bâtiment de Frank Gehry au domaine Marqués de Riscal, Elciego, Espagne

Domaine Marqués de Riscal, Elciego, Espagne © Jun Lee (Unsplash)

Troisième producteur de vin derrière l’Italie et la France, l’Espagne est elle aussi une grande terre d’œnotourisme, plus particulièrement dans les régions de Jerez au sud, d’El Penedès en Catalogne et de la Rioja au nord-est. Les bodegas (caves) traditionnelles ont su se réinventer pour offrir aux visiteurs une expérience culturelle complète. Il suffit de découvrir le vignoble Marqués de Riscal pour s’en convaincre. Près des caves du XIXe siècle, l’architecte Frank Gehry a imaginé un édifice futuriste, abritant un hôtel destiné aux amateurs des prestigieux vins de la Rioja. 

À l’instar de sa voisine, le Portugal est une terre viticole ancestrale. Sur les coteaux de la vallée du Douro, la culture de la vigne remonte à plus de deux millénaires. Aujourd’hui encore, elle produit des vins fameux, acheminés au fil du fleuve jusqu’aux entrepôts de Porto. Dans leur sillage, on s’immerge dans un décor enchanteur, où les vignobles en terrasses ont de faux airs de rizières. Le paysage viticole du Haut-Douro a d’ailleurs été inscrit par l’Unesco sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité. De même pour celui de l’île du Pico, dans les Açores : les champs de vigne grignotant la terre volcanique dessinent un panorama étonnant. 

Amériques, Afrique du sud ou Chine : les nouvelles routes de l’œnotourisme 

Domaine Groot Constantia au Cap, Afrique du sud

Domaine Groot Constantia au Cap, Afrique du sud © Jean van der Meulen (Pixabay)

Hors de la vieille Europe, de grandes destinations viticoles émergent, et n’hésitent pas à jouer la carte du haut de gamme pour séduire (visite au coucher du soleil, survol du vignoble en montgolfière…). La Napa Valley, en Californie, fait figure de modèle en la matière. Dans ses immenses wineries à l’architecture coloniale, la découverte du vignoble s’envisage comme une expérience hors du commun. Les vins, souvent légers et parfumés, se dégustent à la table d’un élégant restaurant, ou lors d’un pique-nique au cœur des vignes. L’Afrique du sud suit la même ligne : on sirote son pinotage dans l’ambiance fastueuse des grands domaines de Stellenbosch, Franschloek et Tulbagh. Au passage, on se délecte de grandioses paysages entre plaine et montagne, tout en découvrant l’histoire complexe des villes historiques. 

Le modèle étatsunien fait également des émules en Argentine. Les bodegas de la région de Mendoza, dans la cordillère des Andes, rivalisent d’idées pour faire découvrir l’historique vignoble autrement. Quoique plus récente, la dynamique est comparable au Chili, qui compte plusieurs vallées viticoles. Balade à cheval, en vélo, en voiture de collection ou en petit train : rien n’est trop beau pour célébrer l’amour du bon vin ! 

La Chine, elle aussi, compte bien s’imposer comme une destination de choix pour l’œnotourisme. Les opérateurs privés n’hésitent pas à mettre les grands moyens, comme en témoigne l’intense activité viticole de la ville de Yantaï, devenue un quasi “Disneyland du vin”… 

Loin de ces vertigineux rêves de grandeur, un autre œnotourisme, plus proche de la terre et des hommes, s’invente. Suisse, Croatie, Palatinat allemand, Moldavie, Géorgie, Hongrie… Les destinations viticoles hors des sentiers battus ne manquent pas en Europe. De quoi, peut-être, recommencer à envisager, comme l’auteur Etienne Davodeau, “le vin comme un lien, puissant et mystérieux, entre la terre et l’homme” ? 

Pour aller plus loin

  • Les Ignorants, roman graphique d’Etienne Davodeau (Futuropolis) 
  • “Géorgie, Arménie, Chine, dans quel pays est véritablement né le premier vin ?”, article de Sophie Brissaud pour Le Figaro 
  • Atlas mondial du vin, Hugh Johnson et Jancis Robinson (Flammarion)  
  • Découvrir les vins d’Italie, Alexis Rautureau (Dunod) 
  • Musée du Douro, à Peso da Régua (Portugal) 
  • Vignoble Marqués de Riscal, à Eltziego (Espagne) 
  • Quatre saisons en forêt du Palatinat, documentaire à voir sur Arte 
  • Episode “Afrique du sud” du podcast Les vignobles du monde de la Cité du vin 

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