Cambodge : secrets archéologiques d’Angkor et d’ailleurs

Combien d’envies de voyage au Cambodge la majesté des temples khmers d’Angkor a-t-elle fait naître ? Spectaculaire, immense, hautement symbolique, le site archéologique d’Angkor a rejoint la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1992. On sait de lui qu’il a été, du IXe au XIVe siècle, la triomphante capitale de l’Empire khmer, irriguée par un ingénieux système hydraulique et abritant jusqu’à 750 000 habitants. On sait aussi que la présence humaine y est bien plus ancienne, et remonte sans doute à l’âge du bronze. Mais aujourd’hui, derrière l’imposante silhouette des temples, quelles traces subsistent de celles et ceux qui ont peuplé Angkor ? Que recèle encore le Cambodge, et quels secrets les recherches et l’archéologie continuent-elles de nous révéler ? 

Le Cambodge retrouve ses trésors pillés 

1924. Un jeune Français du nom d’André Malraux, futur ministre de la Culture, est condamné pour pillage de patrimoine national au Cambodge. L’histoire des cités khmères au XXe siècle est émaillée de découvertes, mais aussi de vols et de recels. Depuis les années 1990, un important travail de restitutions est donc mené pour recomposer un récit de l’Empire par les œuvres et les objets. En 2023, 77 bijoux en or et pierres précieuses, pillés à Angkor par un marchand d’art anglais, ont ainsi voyagé du Royaume-Uni vers le Cambodge. Quelques mois plus tard, les Etats-Unis ont restitué 33 artefacts culturels, dont des statues de divinités hindoues volées sur le site de la cité royale de Koh Ker. Ces œuvres viennent peu à peu enrichir les collections locales, tout en nourrissant une connaissance plus précise de la culture khmère.

Michiel Verledens (Pexels)

Michiel Verledens (Pexels)

Les bronzes d’Angkor livrent leurs secrets 

Ce mois de mai voit une œuvre majeure s’envoler pour la France, cette fois à des fins de recherche et de conservation. Surnommé “la Joconde du Cambodge”, ce monumental buste en bronze du Vishnou à quatre bras a été mis au jour en 1936 dans le temple du Mébon occidental, à Angkor. Il sera au cœur de la très attendue exposition dédiée aux bronzes khmers qui se tiendra en 2025 au musée Guimet, à Paris. Mais avant cela, il va faire l’objet pendant plusieurs mois d’une étude minutieuse dans plusieurs laboratoires. L’objectif est de définir l’aspect originel de la statue, la composition de l’alliage dont elle est faite, mais aussi l’origine géographique du cuivre. Provient-il de la fonderie du palais royal d’Angkor, fouillée depuis 2016 ? Les archéologues y mettent peu à peu au jour une foule de fragments, d’apparence infime, mais qui constituent pourtant un témoignage rare de l’activité civile à Angkor.  

La cité d’Angkor conserve son mystère 

D’Angkor, on connaît ces sensationnels temples pyramidaux et leur myriade de sculptures peuplant la forêt tropicale. Mais au-delà des édifices religieux, la cité d’Angkor, ses habitants, sa vie civile, économique et politique, nous échappe encore largement. Des maisons, palais et ateliers, souvent bâtis en bois, il ne reste que peu de traces. Les causes du déclin de la capitale demeurent elles-mêmes nimbées de mystère. Aujourd’hui, les scientifiques s’efforcent de faire revivre la cité à son apogée grâce aux nouvelles technologies, qui permettent de mieux appréhender l’étendue du site et sa structure, mais aussi à travers l’étude minutieuse de débris et autres tessons.  

Rappelons cependant qu’Angkor est loin d’être un champ de ruines figé dans le temps. Le parc a la particularité d’être aujourd’hui peuplé par 100 000 personnes, qui continuent de vénérer les divinités des temples et de cultiver des pratiques culturelles archaïques. Un patrimoine encore bien vivant, donc, que des centaines de milliers de voyageurs viennent découvrir chaque année. 

James Wheeler (Pexels)

James Wheeler (Pexels)

À la recherche d’autres cités perdues 

Les recherches et découvertes récentes ne se limitent pas à Angkor. Ces dernières années, les technologies comme le LiDAR (Light Detection And Ranging) dévoilent des sites enfouis sous la végétation ou sous l’eau. En 2019, une équipe internationale ainsi publié un relevé complet de Mahendraparvata, l’une des premières capitales khmères du IXe siècle. Alors qu’on ne connaissait pendant longtemps son existence que grâce à quelques sources épigraphiques, l’étude a révélé un niveau de planification urbaine inégalé dans la région. Le LiDAR aussi facilité l’exploration à grande échelle du Preah Khan Kompong Svay, mettant en évidence l’ampleur de ce site isolé longtemps délaissé par les archéologues… Mais aussi par les touristes, ce qui lui a permis de conserver le charme d’une véritable “cité perdue” où la végétation prend ses aises. Un site hors des sentiers battus à découvrir lors d’un voyage culturel au Cambodge ! 

 

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