Exposition Vermeer au Rijksmuseum : voyage au siècle d’or néerlandais

Avec une trentaine de tableaux connus à son actif, Johannes Vermeer nous a légué une œuvre rare autant que précieuse. Celle-ci sera mise à l’honneur au printemps 2023 lors de la plus grande exposition jamais consacrée au maître néerlandais à ce jour.

Organisée par le Rijksmuseum d’Amsterdam en collaboration avec le Mauritshuis de La Haye, elle se tiendra du 10 février au 4 juin. Elle réunira les plus célèbres chefs-d’œuvre du peintre, prêtés par des musées du monde entier, parmi lesquels La Jeune fille à la perle ou la Vue de Delft célébrée par Proust. De plus, elle inclura trois tableaux des collections du Rijksmuseum qui viennent tout juste d’être authentifiées, portant l’œuvre connue de Vermeer à trente-sept pièces. Cet événement exceptionnel est l’occasion de faire un voyage dans le temps vers le « siècle d’or » néerlandais dans les pas de l’un de ses plus grands artistes.

Vermeer, le « Sphinx de Delft » en clair-obscur

Johannes Vermeer, Vue de Delft (détail), c. 1660 - 1661, huile sur toile, 96,5 x 116,4 cm, Mauritshuis

Johannes Vermeer, Vue de Delft (détail), c. 1660 – 1661, huile sur toile, 96,5 x 116,4 cm, Mauritshuis

Johannes Vermeer est né à Delft le 31 octobre 1632. De la suite, on sait peu de choses, au point qu’il fut surnommé « le Sphinx de Delft » par le critique d’art Théophile Thoré-Bürger, artisan de sa redécouverte. Car Vermeer n’a pas toujours eu la renommée qu’on lui connaît aujourd’hui. De son vivant et jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle, sa réputation, quoique positive, s’est largement cantonnée à la région de Delft. La faible ampleur de sa production, le fait que ses tableaux ont essentiellement circulé dans des foyers privés et sa biographie nébuleuse peuvent l’expliquer. Aujourd’hui, pourtant, certaines toiles de Vermeer, La Jeune fille à la perle en tête, figurent parmi les plus célèbres tableaux au monde.

Vivant des commandes et du mécénat de la bourgeoisie du siècle d’or, Vermeer en a fait son premier sujet. Les scènes d’intérieur et du quotidien dominent son œuvre, à l’instar de celle de plusieurs de ses contemporains, comme Pieter de Hooch. Mais chez Vermeer, elles se nimbent d’un voile de mystère singulier. Dans ses toiles, une forme de recueillement prédomine, le geste est suspendu et le regard croise rarement celui du spectateur. Vermeer maîtrise l’illusion comme l’allusion, pratiquant d’astucieux jeux de perspective et parsemant ses tableaux de messages indéchiffrables. Mais son œuvre est aussi celle de la lumière et de la couleur, qui lui prodiguent une remarquable vivacité.

L’âge d’or néerlandais de la peinture

Johannes Vermeer, La Lettre d'amour, c. 1669-1670, 44 × 38,5 cm, Rijksmuseum

Johannes Vermeer, La Lettre d’amour, c. 1669-1670, 44 × 38,5 cm, Rijksmuseum

La vie et l’œuvre de Vermeer s’inscrivent – autant qu’elles se distinguent – dans un âge d’or de la peinture néerlandaise. Celui-ci est intimement lié à la période d’hégémonie économique et politique que connurent les Provinces-Unies de la fin du XVIe à l’orée du XVIIIe siècle. Le pays connaît alors une prospérité sans précédent, sous l’impulsion de sa puissance navale, de routes commerciales en plein essor, mais aussi d’une industrie dynamique, d’un ordre urbain caractéristique et de l’arrivée massive de réfugiés aisés attirés par la promesse de liberté religieuse.

Cette vitalité conduit à l’émergence d’une bourgeoisie importante et d’une classe moyenne prospère. Dans ce contexte, la culture s’épanouit et les arts, symboles autant de prestige intellectuel que de statut social, fleurissent. La peinture, en particulier, connaît un dynamisme jamais vu, résultant de la commande soutenue des particuliers. D’Amsterdam à Delft en passant par Haarlem, Utrecht, La Haye, Leyde ou Deventer, les centres de production se multiplient et on assiste à la naissance du marché de l’art moderne. Le pays est irrigué de tableaux et certains historiens estiment le nombre d’œuvres produites au siècle d’or à plusieurs millions. Une partie des peintres développe une fortune retentissante, tandis qu’émerge un prolétariat artistique.

Vermeer, enfant du siècle d’or

Johannes Vermeer, Femme écrivant une lettre et sa servante, c. 1670-1671, 71,1 × 60,5 cm, Galerie nationale d'Irlande, Dublin

Johannes Vermeer, Femme écrivant une lettre et sa servante, c. 1670-1671, 71,1 × 60,5 cm, Galerie nationale d’Irlande, Dublin

Le parcours du peintre, quoiqu’intimement lié à son époque au point que la crise économique de 1672 entraînera sa perte, a aussi été singulier. A l’instar de l’autre grand maître qu’est Rembrandt, mais à la différence de la plupart de ses contemporains, il s’est essayé à différents genres, laissant derrière lui une œuvre brillante et variée. D’autre part, loin du flot intarissable de toiles qui a pu s’échapper des ateliers des peintres à succès, on estime que la production totale de Vermeer n’a pas dépassé la soixantaine d’œuvres.

En parallèle de l’événement au Rijksmuseum, une autre exposition mettra en perspective la pratique de Vermeer et le contexte dans lequel elle s’inscrit. Organisée par le Musée Prinsenhof de Delft aux mêmes dates (du 10 février au 4 juin), elle proposera un parcours dans le Delft de Vermeer et du siècle d’or. Une double occasion de voyager vers les Pays-Bas en 2023 !

Amsterdam, Delft, mais aussi Haarlem, Dordrecht, Middelburg, La Haye, Enkhuizen ou Hoorn : nombreuses sont les villes qui portent encore la trace du glorieux siècle d’or qui a vu naître Vermeer, Erasme ou Rembrandt. N’hésitez pas à faire appel à Hasamélis pour organiser un circuit à la découverte de leurs trésors ainsi que des expositions Vermeer !


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