L’héritage de Frida Kahlo : voyage culturel dans le Mexique des artistes

En ce moment et jusqu’au 5 mars 2023, une grande exposition consacrée à Frida Kahlo se tient au Palais Galliera à Paris. “Frida Kahlo, au-delà des apparences” ouvre les portes du monde de l’artiste en dévoilant une collection de ses vêtements, photographies et objets personnels. Une belle manière de plonger dans un univers chatoyant où se rencontrent l’intime, le politique et une certaine essence de la “mexicanité”.  

Puissante, singulière, l’œuvre de Frida Kahlo est devenue un véritable symbole du Mexique. Il faut dire que le pays, ses cultures et ses combats, y compris les plus contemporains, semblent y résonner tout entiers.  

Ainsi nous est venue l’idée de tirer trois fils, à partir de l’univers de Kahlo, pour tisser un portrait du Mexique des artistes. Arts traditionnels, expressions féministes, engagement politique : trois facettes du riche kaléidoscope culturel qu’offre le pays. 

Réinventer les traditions populaires : un voyage culturel dans le temps 

L’art traditionnel et populaire du Mexique traverse l’œuvre de Frida Kahlo, profondément enracinée dans sa terre natale. Elle habille ses toiles comme son corps de motifs floraux, d’oiseaux tropicaux et de couleurs chatoyantes, en écho avec une tradition immémoriale d’artefacts mexicains. La cohabitation de la vie et de la mort, si propre à la culture locale, est aussi récurrente dans ses tableaux. Il faut dire qu’elle trouve une résonnance personnelle toute particulière pour l’artiste, dont la vie fut traversée de souffrances physiques. 

   

Le cadre – Fille avec un masque de mort – Frida Kahlo par Victoria Villasana

Aujourd’hui, une lignée de dignes héritiers et héritières de l’art populaire, et de celui de Kahlo, continue de porter haut les couleurs du Mexique. On pense, par exemple, aux grandes fresques murales de Lourdes Villagómez, aux créations textiles de Victoria Villasana (voir portrait de Frida Kahlo ci-dessus) ou aux parures de Lydia Lavín. Mais aussi aux femmes mariachis qui perpétuent, envers et contre les attaques machistes, une tradition populaire encore bien vivace.  

Une chose est sûre : au Mexique, l’art se joue souvent au cœur de l’espace public, et au féminin 

Au Mexique, l’art comme expression féministe 

Son audace et son mépris des conventions ont contribué à faire de Frida Kahlo l’icône féministe qu’elle est devenue. En rejetant les stéréotypes de genre, en s’engageant en politique ou en se revendiquant ouvertement bisexuelle, Kahlo a fait de sa vie un combat pour l’émancipation. Mais le féminisme traverse également ses œuvres. Fausse couche, accouchement : l’artiste a à cœur de représenter avec réalisme des expériences féminines bien souvent tues. 

   

Ma naissance – Autoportrait aux cheveux coupés – Henry Ford Hospital

Dans le Mexique d’aujourd’hui, les avant-gardes artistiques demeurent le média privilégié des revendications féministes. Mónica Mayer en est l’une des représentantes les plus renommées. Performances, collages, expositions interactives : son œuvre est entièrement pensée pour porter un discours féministe.  

Comme Kahlo, les artistes féministes contemporaines font souvent appel à des représentations culturelles traditionnelles. Ainsi, Alma López détourne l’iconographie chrétienne pour replacer les femmes au centre de l’histoire du Mexique.  

L’art féministe mexicain trouve naturellement sa place, officielle ou officieuse, dans l’espace public. L’installation Zapatos Rojos de l’artiste Elina Chauvet est devenue un symbole international de la lutte contre les violences faites aux femmes. Et comme ailleurs dans le monde, artistes et activistes anonymes s’emparent aujourd’hui des murs des grandes villes pour y tracer messages et fresques dénonçant les violences sexistes. 

L’engagement politique au cœur de la pratique artistique 

Au Mexique, ces manifestations politiques dans l’espace urbain entrent en écho avec le mouvement muraliste du début du XXe siècle. Celui-ci rend hommage à la révolution mexicaine et à ses forces vives, tout en revendiquant une vertu éducative à l’égard des populations analphabètes. Diego Rivera, le mari de Frida Kahlo, est l’un des fers de lance de cet “art collectif” éminemment politique. 

Kahlo partage avec son époux un engagement communiste marqué qui se reflète dans plusieurs de ses œuvres. Mais le message politique de la peintre réside aussi dans sa célébration du folklore. Elle appartient en effet au mouvement post-révolutionnaire Mexicayotl, qui cherche à capter l’essence de l’identité mexicaine en renouant avec ses traditions ancestrales. 

   

Le marxisme redonnera la santé aux malades – Autoportrait sur la frontière entre le Mexique et les États-Unis – Portrait de Trotski

La quête de formes artistiques populaires, sociales et politiques a revêtu de multiples visages au Mexique après l’apogée du muralisme. En témoigne, par exemple, le langage visuel créé par les graveurs et illustrateurs de l’Atelier d’art graphique populaire pour traduire la lutte des classes et célébrer la nation.  

Plus récemment, le mandat de Donald Trump a donné lieu à un nouvel essor de l’art politique. Sans surprise, c’est encore une fresque murale, peinte sur le mur frontalier entre San Diego et Tijuana, qui en est sans doute la plus marquante expression. 

Des rues de Mexico aux villages du Chiapas, de la Casa Azul de Frida Kahlo aux ruines mayas du Yucatán : et si vous embarquiez pour un voyage culturel au Mexique ? Hasamélis vous accompagne pour découvrir les multiples facettes culturelles et artistiques de ce fascinant pays.